« J’ai réalisé mes premières prestations d’épandage en 2014 avec un tracteur et une tonne à lisier, raconte Julien Poque, entrepreneur de travaux agricoles à Montastruc, dans les Hautes-Pyrénées. Ensuite, l’ETA s’est progressivement développée en proposant de nouvelles activités comme la récolte de grains et de semences. À partir de 2021, avec la création, par une soixantaine d’agriculteurs, d’une importante unité de méthanisation à quelques kilomètres de chez moi, la demande en épandage a évolué. J’ai donc acheté une deuxième tonne, car j’épands jusqu’à 90 000 m3 de lisier et de digestat par an. Jusqu’à l’année dernière, je proposais une organisation classique, avec du matériel faisant des allers-retours de la fosse jusqu’au champ. Mais ce schéma ne me convenait pas pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le tracteur et la tonne étaient trop lourds sur la route comme dans les champs. Ensuite, lors des trajets, cela ramenait parfois beaucoup de terre sur la chaussée, ce qui donnait une image négative de l’entreprise. J’ai donc réfléchi à des pratiques alternatives, pour finalement investir dans un automoteur d’épandage qui reste toujours dans les champs et fonctionne grâce à un ravitaillement par camions-citernes. »
Deux ravitaillements par citerne
Pour l’automoteur, Julien Poque choisit un modèle AT4103 à trois roues d’Oxbo, un constructeur qu’il connaît bien puisqu’il possède déjà deux corn-pickers de la même marque. Cet épandeur doté d’une cuve de 16 m3 embarque un moteur de 400 ch. « Je suis allé en voir fonctionner dans des fermes en Hollande, ajoute l’entrepreneur. Je voulais un modèle simple et adapté à notre petit parcellaire. Les pneus de 1 250 mm sont gonflés à 1,4 bar, le minimum requis par l’indice de charge. Je n’ai pas choisi l’option télégonflage puisque l’engin ne va jamais sur la route quand la cuve est pleine. Le bras de pompage a été allongé afin de passer au-dessus d’un fossé, si le camion stationne sur le bas-côté de la route. Comme les camions standards ont une capacité de 31 m3, la cuve de 16 m3 est intéressante, car cela correspond à deux remplissages. Je n’avais aucun intérêt à choisir un épandeur plus volumineux. »
Propreté du chantier
Actuellement, l’ETA possède deux camions-citernes et s’apprête à en acheter un troisième. En effet, pour les chantiers les plus éloignés, l’entrepreneur est amené régulièrement à en louer un en complément. Les chauffeurs disposent donc du permis poids lourd. Chaque citerne est équipée d’une pompe à lobes pour l’aspiration dans la fosse. Quand le chauffeur arrive sur la méthanisation ou à la ferme, il connecte la pompe à un tuyau souple, relié à la fosse. Un capteur coupe automatiquement l’aspiration dès que la citerne est pleine. Puis, grâce au circuit pneumatique du camion, de l’air sous pression est envoyé dans le tuyau pour le purger avant le décrochage. Ceci évite de faire tomber du liquide au sol ou sur le véhicule. « Nous avons beaucoup réfléchi à la question de la propreté du chantier, souligne Julien Poque. Les méthaniseurs avec qui je travaille ont prévu une plateforme bétonnée pour le chargement et un nettoyeur à haute pression pour laver le camion si besoin. Quand le chauffeur arrive sur site, il lui faut moins de 15 minutes pour remplir la citerne et repartir vers le chantier. Le haut de chaque citerne est également équipé d’un cône pour le pompage direct par l’automoteur Oxbo. »
Avant de s’engager avec un nouveau client, Julien Poque va visiter les parcelles afin de repérer les accès routiers et enregistrer les points GPS où se passera le ravitaillement. Ces données sont transmises aux chauffeurs qui, ainsi, ne perdent pas de temps pour se retrouver lorsque le chantier démarre. Dans le champ, l’entrepreneur propose soit de travailler avec une rampe Bomech à patins de 15 m de largeur, soit d’opter pour des disques déchaumeurs et enfouisseurs de 6 m de largeur. La conduite de l’automoteur ne pose pas de difficulté. « Le chauffeur apprécie la simplicité des commandes puisqu’il pilote tout l’appareil avec la poignée intégrée à l’accoudoir, explique Julien Poque. L’épandeur dispose d’un guidage Trimble pour baliser les lignes de passage. Cette nouvelle organisation me semble bien optimisée aujourd’hui. Auparavant, les deux ensembles tracteurs et tonnes à lisier faisaient énormément d’heures, avec beaucoup de temps sur la route, ce qui usait les pneus et la mécanique. Il fallait même travailler la nuit pour profiter au maximum des fenêtres météo favorables. Une stratégie peu appréciée des riverains et difficile aussi à faire accepter aux salariés. Désormais, les temps de route quotidiens des chauffeurs sont régis par le chronotachygraphe des camions. Nous n’épandons jamais le dimanche et assez rarement le samedi. Moi qui suis toujours à la recherche de salariés pour mes différents chantiers, j’estime qu’il est important de leur proposer des horaires raisonnables pour les fidéliser. »
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