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Suppression des néonicotinoïdes   Des inquiétudes quant au maintien des surfaces de betteraves sucrières

Dans l’Hexagone, les entreprises de travaux agricoles récoltent 80 % de la production betteravière.
Dans l’Hexagone, les entreprises de travaux agricoles récoltent 80 % de la production betteravière. (©Grimme)
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Les entrepreneurs de travaux agricoles dans le secteur betteravier sont impactés par l’arrêt de l’usage des néonicotinoïdes susceptible de faire baisser nettement leur chiffre d’affaires. Ce contexte révèle la nécessité de contractualiser leurs prestations de services pour sécuriser l'activité.

Après deux années de dérogation, les planteurs de betteraves sucrières se sont retrouvés contraints de stopper l’utilisation des néonicotinoïdes pour protéger les semences. Un coup dur pour la filière qui a reçu l’information officielle le 19 janvier 2023 à la suite d'une décision de la Cour de justice de l’Union européenne, soit peu de temps avant le démarrage de la saison. Des entrepreneurs de travaux agricoles présents sur ce marché ont montré leur solidarité avec les planteurs lors d’une manifestation qui s’est tenue à Paris le 8 février 2023 à l’initiative de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) et de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) Grand Bassin Parisien.

« Par nos actions à la FNEDT [Fédération nationale Entrepreneurs des territoires], nous voulons faire valoir la dépendance mutuelle entre les planteurs et les ETA qui se placent à leurs services pour le semis, la récolte mais aussi l’épandage et le déterrage dans le Grand-Est, les Hauts-de-France, la Haute-Normandie et le sud du Bassin parisien. L’activité représente parfois la moitié de leur chiffre d’affaires », témoigne Guillaume Le Gonidec, chargé des travaux agricoles et environnementaux à la FNEDT.

La réduction des surfaces semées est la principale menace qui pèse sur la filière. Jérémie Taveau, cogérant de la SAS JT Agri-Services, dans l’Oise, vient d’investir dans une nouvelle automotrice intégrale à betteraves Grimme. La culture betteravière représente 40 % du chiffre d’affaires de l’entreprise qui assure des prestations de semis, de binage et de récolte.

« Nous savions que ces insecticides allaient être interdits, mais la décision s’est avérée brutale, souligne l'entrepreneur. Notre plus gros client a réduit ses surfaces de moitié, ce qui génère une perte de chiffre d’affaires de 30 000 €. Nous estimons que la baisse des surfaces est de 10 % en moyenne. 75 % de nos clients, représentant 975 ha, ont toutefois passé un contrat de cinq ans avec le groupe Tereos, et cela nous sécurise. »

Le maintien des surfaces est lié à la rentabilité, très fluctuante, de la culture de la betterave, comme le montre ce graphique issu d’une étude de l'Association de recherche technique betteravière sur les coûts de production. (© ARTB)

80 % de la production betteravière récoltée par les ETA

Les ETA récoltent 80 % de la production betteravière dans l’Hexagone. Ils disposent d’un parc de matériels dont la valeur est estimée à 300 millions d'euros, lequel inclut de 300 à 500 arracheuses.

« Or le prix de ces dernières a nettement augmenté depuis deux ans, atteignant près de 600 000 €. De plus, l’achat des pièces de rechange génère 30 000 € par an à partir de la troisième année d’utilisation, à raison de 50 € par hectare pour une intégrale qui réalise 600 ha par an. Le nettoyage, lui, demande deux semaines de travail, quelle que soit la surface réalisée. Perdre 5 % des surfaces peut ainsi mettre en péril des entreprises. Certaines ont fait le choix de ne pas renouveler leurs matériels », souligne Guillaume Le Gonidec.

Les deux principaux groupes coopératifs sucriers, Cristal Union et Tereos, comptant à eux deux 21 usines, transforment 80 % du tonnage produit sur 400 000 ha.

Le parc de matériels des entreprises de travaux agricoles opérant dans le secteur betteravier est estimé à 300 M€. Il inclut de 300 à 500 arracheuses. (© FNEDT-LBO)

« Le risque est que le taux de saturation des sucreries ne soit plus suffisant, entraînant ainsi leur fermeture. L’avenir de la filière dépend du choix des planteurs de maintenir leurs surfaces selon l’intérêt économique de la culture de betteraves. Pour les ETA, cela représente une insécurité chronique que seule la contractualisation pluriannuelle peut résoudre », conclut l'entrepreneur.

Une aide est prévue pour les planteurs en cas de pertes liées à la jaunisse en 2023, les sucreries ayant obtenu la même garantie. Il est regrettable que ce ne soit pas le cas des entrepreneurs de travaux agricoles également acteurs de cette filière.

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